Au commencement était la maintenance
En 1968, Jean-Loup décroche son premier job chez Music Center, rue de Douai, dans le quartier Pigalle, célèbre dans le monde entier pour ses nombreux magasins de musique. Là, il travaille comme un fou pour ses premiers patrons, les frères Morali, dont l’un, Jacques, créera plus tard les Village People.Au programme : Amplis Vox à lampes et à transistors (dont le célèbre AC30), mais aussi Hiwatt, Orange, Marshall… quelques orgues électroniques pointent le bout de leur claviers, dont le Vox des Doors ou encore le Mellotron.
À cette époque, Jean-Loup travaille aussi à la maintenance du parc d’instruments de Flèche, la société de Claude François. En parallèle, il mène une activité chez Fortin, grand importateur de pianos et orgues de l’époque, en particulier pour l’industrie du cinéma : Baldwin, Conn, Lipp, Alhborn, dont il répare encore quelques exemplaires. Un jour, il est appelé en mission pour réparer l’orgue de Georges Brassens, à son domicile. Non sans mal, débutant oblige ! Comme l’opération tarde, le Maître des lieux lui offre le couvert avec une bonne bouteille de Bordeaux !
Une réputation grandissante
Jean-Loup fait ensuite un petit passage chez Garen, fabricant français d’amplis. C’est l’occasion pour lui de participer à l’élaboration de quelques modèles. Après ces quelques années, il décide alors de se frotter à l’indépendance. Tout en continuant de travailler pour ses anciens employeurs en free lance, il fait des stages d’agrément chez les grandes marques de l’époque : Wurlitzer, Lowrey. C’est à ce moment qu’il vit une période particulièrement intense avec Vangelis où il bidouille sur des machines prestigieuses. D’abord chez lui, puis au studio Davout à Paris, avant de l’accompagner à Londres. Il fait un parcours similaire avec Demis Roussos, son comparse des Aphrodite’s Childs. Mais ne voulant pas s’expatrier plus longtemps, il retourne à Paris où il commence à travailler avec le compositeur François de Roubaix (« Le Vieux Fusil », « La Scoumoune », « Le Samouraï »), qui disparaît brusquement fin 1975 dans un accident de plongée.
Débauché par Gaffarel pour la direction du SAV, il apprend à fond la maintenance sur les marques Fender, Hammond, ARP et Leslie. Il fait ensuite un passage chez Gamme où il enrichit sa panoplie : Korg, Sequential Circuits, Electro-Harmonix et quelques marques d’amplis.
Le temps de l’indépendance
Dans les années 80, il reprend à nouveau son indépendance. Il obtient alors le très recherché agrément de Moog et Sequential Circuits pour toutes les opérations de garanties et d’entretien. C’est l’occasion de se former encore et toujours, avec des stages réguliers et des informations périodiques des concepteurs.
À partir de cette époque, Jean-Loup ne cesse d’agrandir son répertoire : Yamaha, Roland, Oberheim… Il aime tout particulièrement intervenir sur cette marque. Si vous passez à son atelier, vous verrez peut-être des modules SEM complètement désossés : Jean-Loup affectionne de sortir toutes les tensions de contrôle et d’y connecter des commandes CV / Gate pour en faire du SEM un véritable modulaire. Mais il met également ses mains dans des produits Emu, Akaï ou même Ensoniq, lorsqu’il a les plans ! Et parfois tous les autres, car il a la rage de vaincre; Têtu mais pas entêté.
Les ondes Martenot
Depuis 2006 il s’occupe de l’entretien des Ondes Martenot pour le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Ainsi donc, face à des ondes anciennes et parfois totalement inutilisables, il fut amené à fabriquer de nouvelles pièces de remplacement. C’est alors qu’il décida de mettre de coté son travail de maintenance d’instruments vintage afin de se consacrer pleinement à la création de sa propre version des Ondes Martenot. C’est ainsi qu’en 2011, le premier prototype d’Ondes Musicales by Dierstein vit le jour.